Rencontre avec Caroline Baly, fondatrice d’Aïako
Soigner les plantes par les plantes ? Oui, cela est possible et Caroline Baly l’a fait en créant une gramme de soins 100% naturels, concentrés en extraits de plantes biologiques.
Anne Ribes a fondé l’association Belles Plantes. Infirmière passionnée de nature et de jardinage, elle a amené le jardin dans les hôpitaux. Ces “jardins de soins”, où l’émerveillement est le maître mot, permettent aux soignés de devenir, un instant, des soignants.
Anne Ribes : Pour moi dans la vie, il y a 2 miracles : les enfants et le jardinage.
Je trouve cela génial qu’avec une graine, de l’eau, de la terre, on puisse obtenir une fleur, une plante, un légume ou un sequoia.
J’adore la nature, c’est une véritable source de bien-être et j’ai toujours souhaité traduire en actes, partager, ce que je ressens lorsque je suis en pleine nature.
Et puis, j’ai toujours aimé soigner. C’est d’ailleurs pour cela que je suis infirmière.
Je me suis alors tournée vers des hôpitaux pour proposer des ateliers jardinage.
A l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière, le professeur Basquin, grand pédopsychiatre, partageait la même sensibilité que moi et a souhaité débuter un atelier jardinage avec des enfants autistes. C’est comme cela qu’est née l’association Belles Plantes, en 1997.
Le président est mon époux, Jean-Paul Ribes et j’en suis l’animatrice. Notre but est de promouvoir l’art du jardin sous ses aspects artistiques, thérapeutiques et humanitaires.
En 2002, j’ai remporté le 1er prix Terre de Femmes de la Fondation Yves Rocher – Institut de France, et d’autres hôpitaux m’ont contacté.
J’ai poursuivi mon travail à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière, avec le Professeur Philippe Mazet, puis avec le Professeur David Cohen.
J’interviens aussi à l’hôpital Louis Mourier de Colombes, à la maison de retraite de la Hague, j’ai élaboré des projets au service psychiatrique de Corentin-Celton, des animations à l’hôpital Robert-Debré.
Depuis 6 ans, à Maule, nous animons le jardin d’Epi cure. Il permet aux résidents de la Maison des Aulnes, foyer d’accueil médicalisé destiné aux personnes cérébrolésées, de pratiquer régulièrement le jardinage. Stéphane Lanel est animateur à plein temps.
Pendant 5 ans, avec mon mari, nous avons créé et animé des formations de jardin de soins. Maintenant, nous faisons des formations à Maule, dans les Yvelines, là où nous habitons, dans un parc de 6 hectares et demi.
Ces stages s’adressent à tous et à toutes.
A.R : En fonction du budget alloué, on installe un jardin, on y met des végétaux, une cabane, des outils et surtout, on adapte le jardin afin que les personnes puissent jardiner. On souhaite qu’elles se sentent comme chez elles, comme dans un jardin de curé.
Les rendez-vous au jardin sont très réguliers, les ateliers sont inscrits dans les agendas des patients.
Toutes les semaines, on met la tenue de jardinier, on prend la bêche, on retourne la terre, on jardine. Puis, on remercie le jardin, on boit une petite tisane et on revient la semaine d’après !
C’est un vrai rituel qui est mis en place.
Le but est de faire un beau jardin et que les participants en prennent soin. Lors de ces moments privilégiés, les soignés deviennent, durant un petit moment, des soignants.
Ces ateliers jardinage sont mis en place dans des institutions prenant en charge les personnes malades ou handicapées. Les soignants et infirmiers sont formés à l’hortithérapie.
Les participants, adultes comme enfants, ont souvent des problèmes de régulation d’humeur et sont en grande souffrance.
A.R : Les bienfaits sont immédiats : un regard, un sourire, des paroles qui traduisent un état de bonheur.
En partageant l’émerveillement, les personnes dorment mieux, mangent mieux.
Ce sont des bienfaits tout simples, des moments de bonheur au contact de la nature, des animaux.
Les patients sortent de leur chambre, rompent avec leur quotidien et prennent conscience du rythme des saisons, de celui de la graine, du fruit…En étant au contact d’une nature dont ils sont habituellement coupés, ils retrouvent leur horloge biologique.
Les ateliers sont tournés vers le ressenti, c’est quelque chose de très important. Le jardin provoque des émotions à partir des nuages, de la pluie, du vent, d’une fleur, d’un arbre, d’un légume. Dame Nature est un puit sans fond d’émerveillement.
En tant qu’animateurs, on est attentifs au moindre signe de joie, l’oeil est disponible pour voir toutes les réactions.
A.R : Oui bien sûr, des moments très simples de bonheur, comme cet enfant qui s’est émerveillé devant un ver de terre et a dit « Et si on l’appelait John ? ».
Ou encore une personne âgée qui avait perdu le sourire depuis longtemps et l’a retrouvé devant un brin de lavande.
Ou encore, les personnes qui arrivent au jardin avec leur déambulateur et qui repartent sans !
J’ai rédigé un livre, intitulé « Toucher la Terre » aux éditions Médicis, pour partager ces belles histoires.
Et le 1er octobre, le blog « Belles Plantes – Jardins de soins » sera mis en ligne.
A.R : Echanger, partager, ré-apprendre à s’émerveiller, s’enthousiasmer.
En se re-connectant à la nature, on se re-connecte à soi-même.
On redonne un sens global à son existence en étant en lien avec quelque chose qui a sa propre vie.
Lorsqu’on donne aux personnes, elles vous le rendent au centuple et je trouve ça formidable. Tout comme un jardin que l’on bichonne et qui vous le rend aussi au centuple.
J’aime cette phrase ” Occupez-vous des autres, vous vous sentirez mieux”.
A.R : En persan, paradis veut dire jardin, alors un seul mot d’ordre : le paradis est un droit pour tous !
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Adele Zanesi dit :
Merci pour ce témoignage très inspirant sur l’initiative de M. et Mme Ribes. Je souhaite une bonne route à « Belles Plantes ».
Nanou dit :
Une belle initiative, humaine et positive à faire entendre au dessus des voix qui parlent de conflits, de tristesse et de laideur.
Reine-Marie dit :
Un immense merci pour ce partage.