Plantez Chez Nous : Comment est née Apicool ?

Karine Devot : Il y a quelques années, j’ai voulu installer une ruche dans mon jardin pensant aider les abeilles.

A ce moment là, j’ai découvert un monde de l’apiculture en mode “industriel”, c’est-à-dire une apiculture de production de miel avec des pratiques apicoles qui ne m’intéressaient pas.

Par ailleurs, je ne suis pas pour la « monoculture » de l’abeille. Il existe près de 1000 espèces d’abeilles quasiment inconnues du grand public. Cette situation me semble assez étrange lorsque l’on sait que c’est plus du double d’espèces d’oiseaux identifiées en France.

Comment peut-on préserver les abeilles en se concentrant sur une seule espèce domestique ? C’est un peu comme si on voulait préserver la diversité des oiseaux en installant des poulaillers partout.

J’ai alors créé Apicool et je me suis formée en autodidacte.

Tout ce que j’ai appris, j’ai envie de le transmettre. J’accompagne donc toute personne qui souhaite mieux connaître le monde des abeilles dans son ensemble, avec toutes ses espèces.

J’ai envie de susciter un élan de sympathie pour ces petites butineuses si souvent malmenées par la modernité, afin que chacun, à son échelle, puisse les protéger.

A quel public s’adresse Apicool ?

K.D : A tout le monde ! Apicool s’adresse à tout ceux qui souhaitent avoir une meilleure connaissance de l’univers des abeilles, qu’ils soient des particuliers, des collectivités, des entreprises, des enseignants ou des enfants.

J’ai créé de nombreux outils pour accompagner des personnes à leur mesure.

Je précise qu’il est possible de faire appel à Apicool même si on n’a pas de jardin.

Quelles sont les actions d’Apicool ?

K.D : Bien entendu, les actions que nous mettons en place dépendent du lieu, du public et des attentes de chacun.

Chaque action comprend 3 étapes : découvrir, agir, transmettre.

Tout se fait dans un cadre pédagogique et ludique.

Une chose très importante : je ne dissocie jamais les abeilles des fleurs. Chaque action démarre par une mesure concrète sur les fleurs : planter une haie champêtre, laisser des espaces naturels, semer des graines de plantes mellifères…

En effet, le gazon tondu, la perte du végétal mellifère et les monocultures intensives privent les abeilles de ressources. On ne peut pas offrir le gîte aux abeilles sans leur offrir le couvert.

Je tiens à préciser qu’il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’installer une ruche pour aider les abeilles. Les ¾ des abeilles étant solitaires et terricoles (elles creusent des petits terriers dans le sol).

Le véritable enjeu est mieux connaître la vie sauvage, la pollinisation et inciter les personnes à adopter de nouvelles pratiques dans leur rapport avec la nature.

Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ?

K.D : Le partage avec les gens qui ont le coeur ouvert. J’adore réussir à créer du lien avec mon public.

Je suis heureuse quand les gens sont curieux, découvrent, s’émerveillent et se mettent à regarder leur jardin autrement. Ils découvrent alors un autre monde.

Ma passion pour les abeilles et mon envie de transmettre m’ont d’ailleurs poussé à écrire un livre sur les abeilles, intitulé Les abeilles à la sauce cool.

Pour moi un jardin c’est vivant et chacun a le pouvoir d’agir, chez lui ou près de chez lui, pour préserver la biodiversité. C’est d’abord une question de volonté humaine.